LAURENCE REYNAERT

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Dans les portraits de Laurence Reynaert se manifeste avant tout une tension liée à un mouvement: quelqu’un vient, vers nous, d’ailleurs, de l’enfance, peut-être d’un autre pays, d’un milieu social… Dans chaque image, il y a bien sûr saturation de codes, de signes, dans l’habillement, la couleur de la peau, l’attitude, l’expression… Mais la photographie n’est pas seulement la somme de ces signes: elle fixe ce qui les transcende, une humanité. L’humanité n’est qu’un advenir. C’est un entre-deux, entre ceux d’avant et ceux d’après. Il n’y a de corps que symbolique, dit Pierre Legendre. Il n’y a de corps que généalogique, pris dans le flux du devenir de l’humain.
Dans ces portraits photographiques, tout est par la force des choses, à la fois présent et absent: le corps, dans sa fragilité, le lieu, le moment. Même ce visage fixé une fois pour toutes par le tirage n’existe déjà plus, nous le savons, dans la «réalité». A-t-il d’ailleurs jamais été exactement celui-ci, en dehors du moment fugitif de la rencontre entre le photographe et son modèle? Un seul élément peut échapper, et échappe effectivement dans beaucoup de photos de Laurence Reynaert, à cette présence/absence: c’est le regard. Le regard de celui qui est photographié a été une fois donné, offert au photographe. Une fois la photo tirée, c’est le même regard qui nous est offert à nous spectateurs. Je regarde celui qui regarde et me regarde. Dans le regard, il n’y a que du présent.

Pierre Guislain

Le présent du regard